Amina Mohamed est née en Angleterre, mais a passé les trois premières années de sa vie en Ouganda. En 1972, Idi Amin, le président ougandais de l’époque, a exigé l’expulsion de la minorité indienne du pays. Mme Mohamed, ses parents et sa grande sœur sont arrivés au Canada en tant que réfugiés en novembre 1972.

 

Elle est retournée en Ouganda pour la première fois en 2007 pour découvrir ses racines. À l’époque, elle travaillait dans le domaine du cinéma et de la télévision et avait la possibilité de filmer un documentaire. Après y être restée dix jours, elle a quitté le pays ébranlée par la pauvreté et révoltée par la situation des femmes.

 

« Nous grandissons dans ce pays où nous pouvons devenir ce que nous voulons, peu importe le sexe, la race ou autre, dit-elle. Là-bas, on dit aux filles qu’elles n’ont pas d’importance. » On les marie peu après leur puberté et elles deviennent des mères avant d’avoir 20 ans. « Leur rêve de recevoir une éducation n’est pas toujours réalisé, simplement parce qu’elles sont des filles. Je ne pouvais pas accepter ça. »

La deuxième étape se déroule entièrement en ligne. « Nous organisons des réunions hebdomadaires sur Zoom où je leur enseigne certains aspects de la photographie ou de la narration, ou même l’état d’esprit ou l’autonomisation, car elles n’obtiennent pas ces messages », affirme Mme Mohamed. Elles passent une deuxième heure à revoir des photos ou à créer leur profil LinkedIn. « C’est quelque chose d’important, car si elles n’ont pas de visibilité, elles ne peuvent pas obtenir un emploi. »

 

La troisième étape porte sur les compétences en affaires : créer un curriculum vitae, un profil LinkedIn et un plan d’affaires. Les filles apprennent à économiser l’argent qu’elles gagnent.

 

La dernière étape est un programme de mentorat facultatif de six à douze mois. Des mentors de divers milieux, dont la photographie, les affaires et l’entrepreneuriat, rencontrent régulièrement en ligne la participante avec qui ils sont jumelés. « Il faut leur montrer la voie et les laisser aller avec les outils que nous leur donnons », déclare Mme Mohamed.

 

Les filles qui participent au programme sont des étudiantes ou des diplômées en journalisme ou en communication de masse qui sont incapables de se trouver un emploi en raison du manque de compétences ou parce qu’elles ne possèdent pas d’appareil photo. Depuis le lancement de Cameras for Girls il y a quatre ans, 47 filles ont terminé le programme en Ouganda. Parmi elles, 65 % ont maintenant un travail rémunéré à temps plein comme journalistes, photojournalistes, photographes ou professionnels en communications. Mme Mohamed a également démarré le programme en Afrique du Sud et a formé dix filles jusqu’ici. Une autre cohorte de 85 filles en Afrique a un accès gratuit aux étapes 2, 3 et 4 du programme. « On commence par une seule compétence, mais elles peuvent explorer de nombreux autres domaines, dit Mme Mohamed. Je peux donner aux filles les outils nécessaires, mais je leur dis ensuite que le monde leur appartient. Trouvons ce dont vous avez besoin, développons-le et allons de l’avant. »

 

Les étudiantes de Mme Mohamed sont reconnaissantes de l’appui qu’elle leur offre.

 

« J’ai entendu dire que j’ai inspiré la confiance en elles, que je leur ai donné un sentiment d’appartenance, que j’ai été en mesure de les sortir de leur zone de confort et que j’ai pu leur montrer comment réussir, affirme Mme Mohamed. Certaines disent que je suis devenue une mère pour elles ».

 

En aidant autant de filles à lancer leur propre carrière, Mme Mohamed pourrait un jour être la mentore d’une personne sans emploi. Elle aime bien cette idée.

 

« Je veux constater que ce que nous faisons a fait une différence en matière d’égalité des sexes et d’autonomisation des femmes, et que les femmes occupent une meilleure place dans la société que celle qu’elles avaient déjà, dit Mme Mohamed. Vais-je le constater dans ma vie? Qui sait! Au moins, nous en parlons. »